21 mai 2007

Ginette Clément ou l'histoire d'un destin hors du commun

Ginette LION a 12 ans en 1940. A cette époque, la France est divisée en deux : les pétainistes et les gaullistes, les « collabos » et les résistants.

Le maréchal PETAIN instaure de nombreuses lois contre les juifs : ils sont exclus des hôpitaux, des métros, des cinémas, des restaurants : « Interdit aux chiens et aux juifs ».

Les parents de Ginette entrent dans la résistance dès 1942 : ils hébergent et cachent des juifs alors qu’en France la résistance s’organise avec notamment trois grands groupes : les Francs-Tireurs et Partisans, Combat et Libération. La maison des LION est un vrai « nid » de résistants. Le père effectuait des missions cachées, Ginette et sa sœur cherchaient de nouveaux foyers pour accueillir les résistants. En contrepartie, ceux-ci leurs donnaient des tickets de ravitaillement qu’ils avaient volés dans des mairies ou ailleurs. Les juifs, à cette époque, n’ont pas accès aux études mais Ginette arrive cependant, grâce à une connaissance, à suivre des études de secrétariat et trouve un emploi dans une entreprise.

Le matin du 27 janvier 1944, elle se rend au travail en compagnie de sa sœur ne se doutant pas que ce jour-là va avoir lieu une rafle dans leur ville à Troyes. Ses parents sont arrêtés puis déportés à Drancy. Ils prendront ensuite, le 1O février 1944, le convoi 68 comme 1 500 personnes en direction d’Auschwitz où 1 229 personnes seront gazées le 13 février.

Ginette et sa sœur échappent de peu à la milice ce jour-là.

Deux possibilités s’offrent alors à elles : partir pour le Sud vers la France libre pour aller chez leur oncle ou entrer dans la résistance active au côté des francs-tireurs. Par patriotisme autant que par désir de vengeance, elles n’hésitent pas longtemps et deviennent des résistantes actives.

Elles prennent le statut d’agent de liaison, c’est-à-dire de messagers clandestins entre les différents chefs de la résistance.

Elles vivent dans la clandestinité : elles ne portent plus l’étoile jaune, changent d’identité, Ginette s’appelle désormais Annick. La première mission d’Annick a lieu à Paris : elle doit transporter une valise remplie d’armes et de faux papiers. Annick ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction lorsque des soldats allemands l’aident à porter sa valise dans le métro.

Elle se rend ensuite en Bretagne, région très active dans la résistance, où elle effectue beaucoup de missions et où elle rencontre le colonel Fabien.

Le 29 mai 1944, alors qu’elle rentre de Normandie où elle était allée retrouver un résistant pour lui transmettre des papiers, elle est arrêtée par deux hommes en civil. Elle va alors connaître la torture durant trois semaines : supplice de la goutte d’eau, de la dynamo. Elle ne dira pas un mot. Le seul nom qu’elle révélera c’est le sien, son vrai nom. Elle est ensuite emprisonnée puis condamnée à mort. Mais la prison est bombardée. Les détenus prennent alors le train, entassés dans des wagons de bestiaux, en direction de Belfort.

Le maréchal Pétain en personne, est venu leur souhaiter un bon voyage alors qu’ils prenaient le train en direction de Ravensbrück.


« Laisser toute espérance vous qui entrez ici ».

Ginette va découvrir l’horreur des camps de concentration. D’abord mise en quarantaine plusieurs jours sans boire ni manger, elle va ensuite travailler 12 heures par jour à « combler des marais ». La faim, le froid, les humiliations, les maladies : Ginette essaie tant bien que mal de survivre.

Certaines des déportées subissent des expériences médicales : injection de virus, avortement, jeûne et pire…

Fin 1944, les détenus les plus solides, dont Ginette fait partie, sont transférés dans un autre camp près de Buchenwald, Schlieben, où ils vont fabriquer des grenades pour les Allemands.

Le 21 avril 1945, la cavalerie russe arrive pour libérer les camps.

Ginette rentrera en France le 25 mai 1945 où elle retrouvera sa sœur qui la croyait morte. Neuf membres de leur famille n’ont pas survécu.

Le retour à la réalité est difficile, certains membres de la famille lui reprocheront même d’être revenue alors que ses parents sont morts.

Comment raconter tant d’horreur et de barbarie à des gens qui fêtent la libération de la France ?

Comment faire comprendre de quoi l’homme est capable ?

Ginette mettra 40 ans avant de pouvoir évoquer ces souvenirs douloureux, les souvenirs d’une jeunesse marquée par la cruauté humaine.

A 17 ans, Ginette avait déjà connu la résistance et la déportation… 60 ans plus tard, elle en parle encore avec beaucoup d’émotion. Et si elle évoque cette période si douloureuse de sa vie, c’est pour nous, pour nous rappeler qu’il faut toujours rejeter toute forme d’extrémisme, de racisme, d’antisémitisme car l’histoire a montré que l’homme est capable du pire…

« Je veux croire que chaque témoignage est une petite pierre qui constitue un rempart contre la menace de la barbarie qui est toujours présente ». Cette citation d’une ancienne victime du régime des Khmers rouges au Cambodge rappelle combien des témoignages comme celui de Ginette sont précieux.



Marie DUMAS



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