Le programme de redressement de l'Europe, « European Recovery Program », concocté par les Américains, sera baptisé par la suite plan Marshall, après le discours du secrétaire d'Etat tenu à Harvard il y a tout juste soixante ans. Il repose sur trois objectifs clairs : endiguer l'expansion du communisme en finançant le redressement de l'Europe, lutter contre le nationalisme en favorisant le dialogue intra-européen, éviter la crise économique en créant des débouchés aux produits américains. Son application est en revanche extrêmement souple. C'est là que réside très certainement la clé de son succès.
14 milliards de dollars
Les choses vont aller très vite. Un mois après le discours de George Marshall, seize pays fondent à Paris le Comité de coopération économique européenne (CCEE) qui deviendra le 16 avril
L'aide est versée en deux fois : dans un premier temps, Washington avance les fonds en dollars en payant directement les fournisseurs, les entreprises françaises versant la contre-valeur en francs sur un compte spécial du Trésor, ce qui leur permet de s'équiper sans avoir à rechercher des devises. Dans un deuxième temps, les Etats-Unis autorisent le gouvernement français à affecter cette contre-valeur à des dépenses d'investissement. De 1948 à
Mais le plan Marshall ne se limite pas à l'aide financière. L'objectif est aussi d'assurer la suprématie du modèle américain. Des « missions de productivité » sont dépêchées outre-Atlantique. Environ 4 000 Français seront du voyage. Ils découvrent alors ébahis le fossé entre les deux pays. Le facteur de Jour de fête, le film de Jacques Tati, découvrant la productivité du service postal américain en est la parfaite illustration.
Le plan Marshall a été une réussite éclatante. Les économies européennes se sont fortement redressées, ouvrant la voie aux « trente glorieuses » Les pays bénéficiaires prennent l'habitude de discuter ensemble, point de départ de l'Union européenne, et enfin les Etats-Unis ont imposé leur modèle de société. Abreuvés de sodas et de westerns, les Européens sont définitivement conquis par l'Ouest.
Le Monde économie, 26 juin 2007
[photo E. Augris : Portrait dédicacé de Georges C. Marshall offert à Robert Schuman, Maison Robert Schuman à Scy Chazelles]
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